La guerre que mène la Russie en Ukraine a jeté des millions de personnes sur les routes et dans l’exil. Dans de nombreux pays les acteurs du monde associatif ont tenté de répondre à cette urgence dans la mesure de leurs moyens, et grâce à la générosité de citoyens et à la disponibilité de nombreux habitants. Mais il faut saluer aussi l’important dispositif mis en place par les autorités publiques, l’Europe, certains Etats et collectivités locales avec l’appui des citoyens, opérateurs et acteurs du monde associatif.
L’élan de solidarité vis-à-vis des personnes qui fuient l’Ukraine devrait inspirer la politique publique en matière d’asile. Cet élan ne doit évidemment pas se faire au détriment des demandeurs d’asile et réfugiés d’autres nationalités, en particulier en ce qui concerne l’accès à l’hébergement, les délais d’instruction des dossiers ou l’accès aux droits et à des conditions matérielles d’accueil dignes – ce à quoi un nombre significatif de demandeurs d’asile n’a pas accès aujourd’hui dans certains pays.
En premier lieu, nous, membres des Communautés chrétiennes de base européennes nous réjouissons de l’application de la directive de protection temporaire adoptée en 2001. Cette directive européenne n’avait, en 20 ans, jamais été mise en œuvre malgré les demandes répétées des associations pour les personnes fuyant la guerre en Syrie, en Irak ou en Libye. L’impressionnant et rapide déploiement d’un dispositif d’accueil et d’hébergement d’urgence démontre ensuite que, lorsqu’il y a une volonté politique, il est possible d’apporter des solutions pour accueillir. Ce dispositif ne doit cependant pas rester un simple dispositif d’urgence, nous appelons à ce qu’il se pérennise par une création massive de places d’hébergement et de logement pour toutes les personnes déplacées. Cet hébergement doit également être complété d’un accompagnement global et dans la durée des personnes hébergées, dans l’objectif de les accompagner dans l’autonomie et l’insertion sociale. Il doit comprendre un suivi médical et psychologique de qualité.
Nous insistons pour que l’ouverture des droits à la couverture maladie soit la même pour tous les demandeurs d’asile. Le droit à exercer un emploi, autorisé aux bénéficiaires de la protection temporaire, ne peut plus être refusé ou conditionné aux autres demandeurs d’asile et le principe de la rétroactivité de la reconnaissance d’une protection internationale doit s’appliquer pour tous également. De même, l’accès aux autres prestations sociales doit s’appliquer selon les mêmes termes et dans les mêmes conditions. En outre, les Etats et les entreprises de transport ont démontré qu’elles pouvaient adopter des mesures de gratuité, qui doivent être étendues à tous et pas seulement sur la base de la nationalité des personnes protégées.
Les mesures efficaces et positives dictées par l’urgence et un profond mouvement de solidarité doivent s’ancrer durablement. Elles ont vocation à s’étendre et à devenir la règle.
Mai 2022
Le collectif européen des communautés chrétiennes de base
Charlie Wenk, Geneviève Wepf, Gilbert et Marie Pascale Clavel, Jacqueline Keune, Johan Bergé, Inma Zamorano, Massimiliano Tosato, Rotraut Lakmaier, Sylvie Kempgens